lundi 30 mai 2016

Je suis venue te dire que je m'en vais ...



C'était hier.
La fête des mères.
Une journée sans elle.
Une journée de plus.
Ou de moins.
On ne sait pas vraiment comment il faut compter.
Et puis on dit que quand on aime on ne compte pas.
Alors on ne va pas compter.
Pas compter sur ça en tous cas.
On va compter sur nos doigts, sur notre foi, sur notre petite voix, sur notre nouvelle voie ...
Et puis on va se le dire.
Ce petit mot.
Cette petite phrase.
Je t'aime mais je te quitte.
Je vais fermer cette petite fenêtre, dire au revoir à ce petit endroit.
Je l'ai ouvert un jour de fête des mères où les larmes roulaient et inondaient mes joues.
J'y ai déversé des seaux de souffrance.
J'y ai raconté des choses plus qu'intimes.
Des choses que même mes plus proches ignoraient de moi.
Je m'y suis sentie libre de tout faire, de tout dire.
De tout cracher au lieu de tout cacher.
De tout donner pour ne plus m'abandonner.
Je m'y suis perdue dans mon passé.
Je m'y suis retrouvée au présent rattachée.
J'y ai trouvé des mots.
J'y ai trouvé des gens.
J'ai fait le tour de moi à défaut de faire le tour du monde.
Introspection.
Catharsis.
Vidange totale.
Je ne me suis jamais censurée.
Même si parfois j'avoue l'avoir regretté.
Mais voilà, je crois que c'est la fin.
Une nouvelle fête des mères est passée.
Et je sens que la boucle est bouclée.
Si l'envie d'écrire m'étreint encore, si elle s'impose à moi parfois dans la nuit, dans mes rêves, dans ma vie, je ne crois pas que ce soit en ce lieu qu'elle soit légitime.
Je crois qu'il faut bouger.
Je crois qu'il faut partir.
Je crois que j'ai bien sûr encore des choses à dire.
Mais plus sous cette bannière.
Plus de la même manière.
Je suis sur mon chemin désormais.
Je suis en route vers moi.
J'ai vraiment avancé.
Je le sens, je le sais.
Le virage est bien enclenché, il n'y aura pas de retour en arrière.
Alors avant de passer la seconde et de filer vers l'avenir, je voulais une dernière fois te poser quelques mots.
A toi qui lis.
A toi qui laisse les tiens.
Tes mots posés dans cet espace.
Tes maux déposés en offrande.
En offrande au partage, à l'amour, à la vie.
Je ne pourrai jamais te remercier assez pour le bien qu'ils m'ont fait.
Chaque mot ici posé a été un baume sur mon coeur tant blessé.
Chaque signe de passage, chaque passage même secret.
J'ai tout reçu, tout pris, tout gardé.
Au plus profond de mon coeur comme un talisman de nos peines emmêlées.
Comme une poupée vaudou, de nos âmes habillée.
Je t'emmène avec moi.
On restera liés.
Je prendrai soin de moi.
De l'adulte que je suis, de l'enfant que j'étais.
J'irai à leur rencontre, et je les écouterai.
Promets moi de le faire, toi aussi, si, promets.
De prendre soin de toi.
Et de toujours t'aimer.
Tu le mérites tellement.
La vie nous fait cadeau de son immensité.
Il nous faut l'honorer.
On se retrouvera peut être qui le sait ?
Je n'ai pas de projet, ce qui sera, sera.
Il ne me reste plus que ce mot à poser.
Pour tout ceux qui me lisent, pour tous ceux qui venaient.
Ce petit mot de fin.
MERCI.
<3

vendredi 15 avril 2016

Et le fracas de son coeur qui explose ...



Parce que c'était vendredi, elle aurait sans doute dû appréhender avec plus de joie cette journée.
Oui, ensuite viendrait le week end, le temps du repos et de la famille.
Elle aurait dû s'en réjouir, s'en délecter.
Bon, elle travaillerait toute la journée du samedi mais au fond, cela n'était pas grave : son week end à elle était décalé c'est tout.
Elle savait que dimanche et lundi accueilleraient sa fatigue et son besoin de souffler.
Les clients se succédaient à un bon rythme dans la boutique.
C'était vendredi, le jour du marché.
Tout le monde en profitait pour venir acheter de la viande chez le boucher.
Elle souriait, découpait des tranches, pesait, servait.
Machine bien rodée.
Mécanique du métier.
Pas de questions à se poser.
Au moins sur ce sujet.
A quinze heures, la cloche de la liberté.
Elle embauchait tôt, finissait tôt.
Elle a donc pris son sac, ses clés, a dit en souriant au revoir au patron, et a filé.
Et puis elle n'est pas revenue.
Le samedi, pas de Sandra à la boutique.
Le patron s'en est inquiété mais devant le flot de clients il a vite laissé passer.
Le dimanche, il a dormi.
Le lundi, il a préparé ses commandes.
Et puis, le soir, un sursaut soudain.
Merde, Sandra.
Alors il a appelé.
Est tombé sur le répondeur.
A laissé un message.
Une heure plus tard, a rappelé.
N'a pas laissé de message.
S'est soudain inquiété.
Ce silence prolongé lui semblait soudain bien étrange.
Il a réfléchi.
A appelé le mari de Sandra.
Trois sonneries.
Puis il a décroché, d'une voix d'outre tombe.
Et a annoncé.
Sandra ne viendrait pas mardi.
Ni le jour d'après.
Sandra était hospitalisée.
Sandra avait voulu se tuer.
Se jeter sous un bus.
Comme ça.
Il ne savait pas pourquoi.
Pas plus qu'il ne comprenait.
Un matin, on se dit bonne journée, et le soir ...
Qu'est ce qui avait pu la faire basculer ?
Qu'est ce qui avait pu la décider ?
Comment avait elle pu en arriver à cette décision, à cette radicalité ?
Pourquoi ?
Oui pourquoi ?
Elle avait soudain décidé.
De s'enfuir loin des eaux troubles dans lesquelles elle se noyait en secret.
D'échapper à ses angoisses, à ses remords, à ses regrets.
De faire partir à jamais ses secrets.
Des secrets bien trop lourds à porter.
Alors elle avait fait le choix de l'après.
D'exposer son corps et de l'exploser.
D'entendre sa vie s'échapper, pour enfin la libérer.
D'entendre une porte de sortie, malgré le prix de sa liberté.
D'entendre ça, et tout ce que jamais elle ne disait.
Et le fracas de son coeur qui explose sur les pavés.


lundi 11 avril 2016

Neuf ans et la vie devant soi ...



Je la regarde et elle me fascine.
La profondeur de son regard.
L'intensité de ce qu'elle vit, ce de en quoi elle croit.
La confiance qu'elle place en nous.
La certitude qu'elle peut voir les choses en grand.
Et en même temps, cette fragilité.
Et en même temps, cette lucidité.
Des blessures, déjà.
Petites, mais douloureuses.
Comme ces peaux mortes au bout des doigts.
Anodines mais insistantes.
Le petit truc qui fait vriller.
Qui se rappelle à toi à chaque seconde.
est ce qu'elle se construit bien ?
Est ce qu'elle sera forte et heureuse ?
Est ce qu'elle y arrivera, à composer avec le monde, avec les autres ?
Est ce qu'elle y arrivera mieux que moi ?
Je le souhaite tellement, tellement fort.
Ses billes bleues me fixent.
Son sourire m'éclabousse le visage
Et quand mon coeur est au bord d'exploser elle me fige en une phrase.
Les répliques fusent.
Langage pointu, sens acéré, humour vital.
Elle est pleine de cette grâce enfantine qui m'a toujours manqué.
Elle a ce petit plus, ce petit rien, ce petit tout qui doit faire tant de bien.
Elle détient l'insouciance, quelque part dans ses mains.
Garde le ce trésor, ma belle au tempérament de feu.
Garde le précieusement.
Et lorsque tu l'auras perdu, car on le perd toujours, et toujours plus ou moins, ce jour où tu ne l'auras plus, garde au moins ceci : la confiance en demain.

lundi 28 mars 2016

En ces lieux dissonants, soudain la bienveillance ...



Ils sont pour moi le symbole de la fragilité, de la faiblesse, de la dépendance.
ils sont pour moi synonymes de mauvaise odeur, de tristesse et de déchéance.
J'ai fréquenté les hôpitaux très jeune, trop jeune.
J'ai rencontré des médecins, des infirmières, des aides soignantes.
Et je ne souhaite pas polémiquer sur le bien fondé ou pas de ce sentiment, mais j'y ai souvent ressenti un manque d'empathie, de respect, de bienveillance.
Pour ne pas dire une grande violence.
Pas physique non.
Mais verbale.
Mais comportementale.
Tu n'es pas écouté.
Tu n'es pas pris en considération.
Tu n'es pas regardé comme une personne ayant un intérêt réel.
Tu es juste un patient.
Ou l'enfant de ce patient.
Ou même pas en fait.
Tu es juste la fille de la femme de la chambre 215.
L'ado dont la mère a une SEP et qui veut discuter avec les vrais intervenants.
Avec quel culot !
Avec quelle arrogance !
Les "sachant" savent.
Toi, tu ferais mieux de te taire et de les laisser faire leur boulot.
Tu comprends ?!
Non, non je n'ai jamais compris justement.
L'absence d'explication.
L'abus de position dominante.
Le manque de chaleur.
Le mépris rampant.
J'ai ressenti tant de colère, parfois de haine même envers ces gens.
C'est si humiliant.
C'est si désespérant.
C'est si frustrant.
La difficulté de leur travail leur ôte parfois l'essentiel de leur mission : la prise en charge de leurs patients ...
C'est parce que j'ai ce passé qui me colle aux basques que je veux te parler d'Estelle.
Parce qu'Estelle, lorsque je l'écoute, lorsque je l'entends, ça me colle la chair de poule et les larmes aux yeux.
Parce qu'Estelle a un coeur.
Parce qu'Estelle est un coeur.
Un coeur qui vibre, qui bat, qui défend.
Elle est là, solide sur ces certitudes, drapée dans cette humanité qui manque à tant de ceux qui portent cette blouse blanche.
Elle est bienveillante.
Elle est la bienveillance.
Elle me parlait la dernière fois de son travail.
Elle me parlait de ses patients.
De ceux pour qui elle se battait avec son équipe.
De ce pour quoi elle combattait avec ses tripes.
De ses patients un peu particuliers que les gens nommeraient des fous.
Et qu'elle regarde juste comme des êtres humains un peu différents.
Elle me parlait de la dignité de la personne humaine.
De la nécessité de respecter le corps, le coeur et l'âme de tous ces gens.
Et là où d'autres te décrivent les affres de la toilette, elle te raconte l'amour d'un corps, même d'un corps puant.
Car ce corps héberge une âme, un adulte ou un enfant, ce corps appartient à une femme, à un homme, à un être vivant.
C'est tout ce qu'elle voit, Estelle, lorsqu'elle discute avec les aides soignantes.
C'est tout ce qu'elle dit, à son équipe, aux encadrants.
La nécessité de dire bonjour.
Celle de s'assoir.
Celle de prendre le temps.
Celle de fermer les portes pour la toilette.
Celle de respecter l'intime.
Celle de préserver ces gens.
Celle de les toucher.
Moralement ou physiquement.
Celle d'établir un lien, nécessairement, absolument.
Ils sont enfermés, ces gens.
Inaptes à vivre dans la société qui les étouffe, les angoisse, les repousse, les rend parfois peut être même méchants. Ou les pousse au désespoir tout simplement.
Ils sont là, dans ces hôpitaux ou dans ces centres.
Jour après jour.
Nuit après nuit.
Ils traversent les équipes comme ils traversent le temps.
Inéluctablement.
C'est sans doute ce qui conduit la plupart des professionnels à ne plus les voir que comme des pathologies, et plus comme des patients.
Mais parfois, dans ces endroits glauques, dans ces chambres tristes, dans ces salles de réfectoire désespérantes, parfois, il y a une Estelle.
Il y a une lueur.
Une personne qui vous rend à votre humanité.
Une personne qui vous regarde autrement.
Une personne qui vous regarde, vraiment.
Qui ne voit pas votre dossier.
Qui n'entend pas vos cris, votre colère, votre refus de parler ou de vous laisser parler.
Ou plutôt qui les entend mais cherche à réellement les comprendre.
Qui cherche à voir ce qu'il y a derrière les cris, derrière les refus, derrière les comportements.
Et dès lors, Estelle vous le dirait mieux que moi, dès lors et contre toute attente ... les patients changent !
Ils se redressent, ils vous regardent, ils acceptent un contact.
Puis même ils le demandent !
Ils reprennent peu à peu goût à la vie, même à cette vie là que nul ne voudrait vraiment ...
Ils reprennent forme humaine, tout simplement.
Estelle les voit.
Estelle les écoute.
Estelle les entend.
Estelle les trouve beaux.
Elle ne les juge pas.
Mieux, elle les comprend.
Mais ceux qui sont laids.
Ceux qui sont méchants.
Elle te dit que non, il n'y a pas de laids, pas de méchants.
Juste des gens qui souffrent.
Juste des malheureux.
Juste des pas contents.
Estelle les rassure.
Elle se questionne, elle se demande.
Comment les aider.
Comment les aimer.
Comment améliorer leur quotidien.
Comment respecter leur volonté, leur différence.
Estelle demande des prises en charge pour les femmes par exemple.
Des séances chez le coiffeur. Des massages. Des sorties, de temps en temps.
Estelle n'oublie jamais.
A croire qu'elle sait, qu'elle est la seule à savoir vraiment.
Qu'il reste toujours une personne humaine dans tous ces gens.
Qu'il reste toujours une part d'humanité qui appelle à l'aide.
Estelle, elle, les entend.
Elle est l'oreille absolue de cette immense souffrance.
Il y a un secret en dessous de sa blouse blanche.
Ce doit être caché, dans son dos, invisible à ceux qui traversent ces endroits drapés dans leur indifférence.
Deux ailes.
Deux "L".
Comme dans Estelle.
Qui est un ange.

dimanche 13 mars 2016

In Bob we trust !



C'est calme.
C'est un petit peu trop beaucoup calme.
Toi aussi tu trouves n'est ce pas ?
Tu te demandes peut être si j'ai enfin pris le temps d'aller voir un marabout pour régler mon léger problème de Pierre Richardise ?
Tu te dis que ce silence sur mes aventures débiles est sans doute un très bon signe, que ma vie est devenue lisse, reposante, ennuyeuse même ?
Hahahahaaaaa.
Tu as tort.
Hélas.
J'ai juste plus le temps de venir te raconter.
Mais comme dirait Julio, non moi non plus je n'ai pas changé !
Et comme tu as été très sage, je t'offre une belle petite Pierre Richardise des familles, ça faisait longtemps je trouve que tu l'as mérité.
Après deux mois de boulot un peu intenses (j'ai cru qu'on avait remplacé janvier et février par deux années complètes pour tout te dire), il y a eu une forme d'apothéose le week end du 20 février.
Le vendredi, je préparais ma journée du lendemain car j'avais été bookée pour animer une baby shower.
Le projet était top, mais supposait un peu de logistique puisque 7 jeunes femmes m'attendaient à leur domicile et que je devais donc apporter toutes les machines à coudre, le stock de tissu, de boutons, de rubans, les règles, équerres, ciseaux, matériel en tous genres ...
Bref j'apportais la moitié de l'atelier et j'avais toutes les chances d'oublier au moins un truc, j'avais donc intérêt à être prête avant de démarrer ma journée.
J'ai donc lutté contre ma nature "intellectuellement bordélique, concrètement pathétique".
Tout était fort bien engagé : j'avais commencé à préparer la liste du matériel et les sacs de bordel à déplacer.
J'ai savais depuis quelques jours qu'il me manquait une machine, et j'avais donc cherché (et trouvé !) qq'un pour me la prêter.
J'ai donc mis côté à côte tout mon futur chargement.
Quand j'ai mieux regardé la machine de ma copine Cricri (non, pas l'esthéticienne).
Y avait un truc qui me chagrinait.
Mais j'arrivais pas à voir quoi.
Quand soudain, l'illumination !
Elle n'avait pas de pédale.
Merde.
Pas de pédale, pas de pédale comme dirait l'autre.
Pour ceux ou celles qui savent, en fait sans pédale, tu peux pas coudre puisque c'est elle qui raccorde ta machine à l'électricité.
Je visualisais déjà les filles en train de mouliner à la main et je riais connement, mais rapidement j'ai bien senti qu'il serait de bon ton que je trouve une putain de solution.
J'appelle donc la copine qui m'avait prêté la machine, je lui explique le problème.
Elle me dit où sont ses clés cachées sous le pot dans la cabane du jardin (en fait, les toilettes sèches !).
Précieusement informée, je pars donc à la recherche de la pédale perdue (non, pas au Bois de Boulogne chéri)(pardon pour le niveau de la vanne)(j'avoue je suis un peu fatiguée).
Je pars donc, et je me speede un peu car j'avais RDV en fin de journée au théâtre de mon bled pour aider ma troupe à tout installer : le soir, nous étions dans la "patinoire" pour un match d'improvisation théâtrale.
J'avais déjà un peu le trouillomètre au taquet mais je gérais (traduction : j'ai été chiante à mourir toute la sainte journée).
Bref, j'arrive chez ma copine, j'attrape les clés, je fouille toute la baraque, je trouve la pédale, je fonce la déposer à l'atelier, je vérifie que tout est prêt pour le cours collectif du lendemain matin, puis pour le cours à domicile (la fameuse baby shower) de l'après midi.
Je largue tout, et je refonce me préparer pour aller jouer.
Dans un match d'impro théâtrale, il y a en effet une tenue réglementaire : bas de survêtement noir, baskets discrètes et le magnifique tee shirt de hockey de ton équipe.
Trop sexy !
J'avais trouvé les baskets sans problème.
Bon, elles étaient orange fluo mais à ce stade on n'allait quand même pas chipoter.
En revanche, pas de bas de survet noir dans ma garde robe.
(Etrangement).
Je me dis qu'un legging noir fera l'affaire.
Et je commence à chercher.
Chercher est devenu un mot très familier de mon vocabulaire depuis que ma maison est à nouveau en travaux (oh il faudra que je te raconte un jour tu vas te poiler !) et que c'est Beyrouth à l'extérieur, cependant qu'à l'intérieur, ça ressemble vaguement à la jungle de Calais (en moins peuplé, je et le concède) ...
Bref, malgré mes "soulèvements de différents tas non identifiés", et après avoir délogé un troupeau entier de moutons, je ne trouve toujours pas ce putain de legging, seulement un vieux pas de pyjama tout déformé, qui avait dû être noir dans une vie antérieur mais qui s'était un peu Mickael-Jacksonisé si tu vois ce que je veux dire ...
J'essaie quand même la chose, je montre à mon mec en lui demandant si ça le fait, et ... il éclate de rire.
J'en déduis fort habilement qu'il vaut mieux abandonner la brillante idée du voeux bas de pyj.
Du coup je repars à la recherche de mon legging (séquence "cccccouccchhh exploration", remember Nicolas Hulot mes vieux amis !).
Au bout d'une petite demie heure à peine, je  le retrouve soigneusement rangé dans les fringues de ma fille, car apparemment mon mec pense que je fais du 8 ans. C'est plutôt flatteur en fait. Ou très inquiétant. Ou les deux. Enfin bref.
Quoi qu'il en soit, j'attrape le truc et je file au théâtre.
Arrivée là-bas, je tombe en pleine phase "on gère".
On gère le stress qui est en train de monter, on gère les problèmes techniques qui n'arrivent jamais (mais que ce soir-là sont arrivés évidemment), on gère la montée d'adrénaline aussi, et on se lance sans filet.
Jeux de mots, jeux de mains, jeux tout court, la soirée file et c'est l'éclate totale en fait.
Le match a été super (pour moi en tous cas, mais je plains les parents qui avaient amenés des mômes car j'ai malencontreusement été atteinte, à un moment donné, d'une sorte de diarrhée verbale du type syndrome Gilles de la T., que j'ai tenté de faire passer pour indépendante de ma volonté).
Bref, j'ai sorti toute ma collec de gros mots et je me suis bien poilée.
On a bien joué, bien ri, bien bu après, et puis il a fallu ranger la salle et les 100 chaises, sans compter les chaussons qui avaient volé (tu regarderas si tu veux les règles des matchs d'impro, franchement on se bidonne tu devrais essayer).
Vers 1h30 du matin, j'étais enfin chez moi pour me coucher.
J'avais intérêt à dormir vite, car j'enchainais mes 3 h de cours collectif  le matin avec la fameuse baby shower à 14 heures.
Je me lève à 8h, je pars pour bosser.
Pas le temps de prendre un petit déj, je suis à la bourre il faut filer.
Je roule en baillant, un peu azimutée encore après ma folle soirée.
Quand soudain sur le rond point, je sens la bagnole totalement se barrer ...
Et je me retrouve à tourner dans un superbe tête à queue !
Je vois lentement arriver la voiture qui me suivait...
J'ai bien visualisé la tête du mec qui arrivait sur moi l'air effaré ...
J'aurais presque pu compter ses points noirs.
Mais heureusement, il a eu le temps, le réflexe et la place de m'éviter !
Putain de merde.
Encore à contresens, je me dépêche de réagir, je redresse ma voiture et je repars ...
En me disant qu'elle commence quand même bizarrement, cette journée !
Les trois heures de cours du matin se passent, et je fais gaffe, car il faut absolument que j'arrive à finir bien à l'heure si je veux avoir le temps de déjeuner un peu avant de repartir bosser.
Mais évidemment, c'est ce jour là que les parents passent régler, que les élèves ont pleeeeein de questions hyper importantes (et urgentes) à poser, que tout le monde prend gentiment son temps, et que du coup ... ben t'as plus le temps de bouffer.
Tant pis, une fois tout le monde foutu dehors parti, j'attrape deux gâteaux qui trainaient par miracle et je commence à charger ma cargaison de déménageur breton pour filer chez les copines de la Baby shower.
Je monte dans la voiture.
Je prends les clés.
Et là, je me mets - enfin - à réfléchir.
...
L'adresse.
Putain  ... j'ai pas l'adresse de la nana chez qui je dois aller !
Je respire lentement, je me visualise en position du lotus, je reste ZEN.
Bon ben j'ai pas l'adresse c'est pas grave, je vais appeler la fille qui m'a bookée et je vais lui demander.
Voilà.
Je vais faire ça.
Hahahaaa mas pourquoi avais je la queue d'une inquiétude déjà ?
Allez j'ai plus qu'à appeler tout va bien.
Je cherche dans mon téléphone.
Cherche encore.
Cherche encore.
Putain, j'ai pas le numéro non plus !
Tout est dans mes mails.
Meeeerde.
Hé ben j'ai qu'à les consulter hein ?
Ouais !
Sauf que ...
Sauf que je les ai classés dans un dossier de la boîte mail, et que du coup je ne peux plus y accéder ... sauf depuis mon ordi !
A ce stade, je ne suis pas encore en retard mais ça commence à franchement se profiler.
Je me dis que (idée brillante !) je vais appeler mon mec et lui demander de regarder ...
Manque de bol, il est au resto peinard avec les mômes.
Ok.
Je cherche un plan B : je passe vite chez moi regarder avant de filer à mon RDV.
Brillant le plan B.
Je m'apprête à tourner la clé.
Quand j'entends mon téléphone vibrer.
Et là, le miracle.
La coïncidence dont tu n'aurais même pas pu rêver.
La fille !
Elle m'envoie pile à cet instant un mail pour me dire que je peux entrer dans leur cour si je veux pour me garer et décharger.
Youhou !
Bonheur !
Je me dis que si elle m'écrit un mail 20 mn avant l'atelier c'est qu'elle a un smartphone, donc qu'elle consulte ses mails, donc que je n'ai qu'à lui demander l'adresse et donc qu'elle va me la donner !
Je me sens soudain comme un génie, doté d'un ange gardien au taquet.
J'envoie illico un mail de SOS "adresse / téléphone / help je suis un boulet", et je me mets en route vers le patelin où je dois aller, comme ça je gagne du temps puisque je commence mon trajet.
Brillante je te dis.
Je roule 15 minutes, et j'arrive à 13h55 au bled.
Nickel.
Super heureuse, je me dis que je vais regarder mes mails, et même réussir à être à l'heure du coup !
Un génie, huhuhu.
Sauf que ...
Aucune réponse.
Merde.
Je renvoie un mail.
Puis deux.
Puis trois.
Putain, pas de réponse.
Je suis garée sur le parking de la Poste de ce lieu à moitié désert et je commence à déprimer ...
A côté de moi, un camion pizza.
Mon ventre me rappelle qu'on a pas eu le temps de déjeuner ni lui ni moi.
Je sors, en me disant qu'il faut toujours prendre dans la vie le bon côté des choses.
Bloquée en face d'un camion à pizza ? Mange une pizza !
Un vrai petit Bouddha au rabais.
Je souris, telle le "ravi de la crèche".
Mais quand je m'approche, je constate qu'il n'y a pas plus de pizza que de beurre en branche.
Juste 6 pauvres morceaux de poulet embrochés qui tournent avec un air désespéré, devant un mec qui a tout à fait la tête de Mad Max ...
Tout ce petit monde a dû être élevé en batterie, franchement, et je crois que je préfère me digérer l'estomac plutôt que de m'approcher encore.
Je retourne à la voiture, espérant que le mail est enfin arrivé.
Peau de balle.
Nib.
Queud.
Les minutes passent, il est presque 14h30 pour un rendez vous à 14h.
La grande classe Bob, vraiment bravo.
Je me dis que du coup, la nana va m'appeler pour me demander ce que je fabrique (et peut être m'engueuler, mais tant pis, au moins je saurai où je dois aller !).
J'attends, j'espère.
Mais rien.
Je rappelle alors mon mec pour lui demander où il en est, et coup de bol, il est en train de rentrer.
Il n'est que 14h40 quand j'obtiens - enfin ! - le numéro de la fille, et que je l'appelle pour platement m'excuser, en lui disant que je suis à 5 minutes de chez elle et que j'arrive, qu'elle n'a plus à s'inquiéter.
Elle me dit que ce n'est pas grave, elle est super cool franchement j'ai eu du bol.
Je raccroche et je pousse un énorme soupir.
De soulagement oui, mais aussi de fatigue (je te rappelle que j'ai peu dormi, pas mangé, et que je visualise l'après midi de boulot intense qui m'attend maintenant que je sais où je dois aller ...).
Je regonfle mes poumons et je me prépare à rouler courageusement.
Tout va ENFIN s'arranger.
Allez au boulot mon Bob.
Je tourne la clé.
Et ...
Rien.
Il ne se passe rien.
Je re-tourne.
Toujours rien.
Je commence un peu à paniquer.
J'essaie encore.
Encéphalograme plat.
Putain mais c'est pas vrai.
JE SUIS EN PANNE BORDEL !
Après quelques essais sans succès sur la voiture, il faut accepter d'affronter la réalité, non seulement je suis en retard mais je suis en panne ... alors que j'ai dit que j'allais arriver !
A ce stade, je me sens un peu comme une grosse merde.
Je tente de rappeler la fille pour lui dire que, en fait, je ne serai jamais dans chez elle 5 minutes car je dois attendre qu'on vienne me dépanner.
Je pense qu'elle va me prendre pour une grosse mytho en fait.
Même pas : elle ne répond plus.
Un essai, deux essais, trois essais.
Je suis à deux doigts de me mettre à pleurer ...
J'appelle mon mec (ce saint homme !) et je lui explique la situation.
Il prend un pote (un saint homme lui aussi !) et tous les deux viennent pour tenter de m'aider.
Rapidement, on voit que c'est la merde, et du coup on décide qu'ils vont me donner une de leurs bagnoles.
Et vas-y que je te décharge toutes les machines, les sacs, les tissus, tout mon bordel à recaser ...
Et vas-y que je te les abandonne lâchement avec la voiture en panne, pour me casser et aller bosser.
La fille sympa quoi !
Mais bon j'avais pas le choix : j'avais 8 nanas qui m'attendaient.
Quatre heures plus tard, les filles étaient ravies, le tapis d'éveil collectif était enfin fini, j'avais remballé, remis dans la voiture mon atelier nomade, et je partais, épuisée mais contente de moi.
Tu te dis que ça me fait des bonnes journées, tu as raison car c'est vrai.
Mais ce n'était pas fini, non tu sais, quand une journée se Pierre Richardise, c'est comme quand Hulk devient tout vert après une colère carabinée : ça dure toujours un petit moment.
Il a fallu ben entendu rentrer et aller décharger tout le matériel à l'atelier.
Ensuite, on devait aller dîner pour fêter mon anniversaire.
Problème : on n'avait plus qu'une voiture, pleine à craquer de matériel.
Impossible de monter avec mon mec et nos deux mômes.
Il me dépose donc à l'atelier pour que je range tout mon bordel, et il file chercher les enfants.
En passant, j'avais repéré un tout nouveau resto japonais que je rêvais d'essayer.
On se pointe donc après cette journée digne de Ferris Bueller (Adamson, Adamlee, Bueller ... révise tes classiques stp).
On arrive devant cet endroit hyper charmant, jolies lumières, ambiance tamisée, tout ce dont je rêvais.
Problème : la porte du resto ne s'ouvre pas.
Le serveur à l'intérieur nous regarde sans réagir.
On finit par taper au carreau et il ouvre pour nous répondre que c'est dommage, mais le resto est complet.
Mon mec s'apprête à faire demi tour, je l'arrête immédiatement.
il est 21h30, j'ai pas petit déjeuné, pas déjeuné, j'ai bossé environ 10 heures, et la nuit précédente j'avais dormi 6h.
Je DOIS entrer et manger.
Je l'explique au serveur, en insistant sur le fait que c'est quand même pour mon anniversaire et qu'il ne peut pas (j'insiste, il ne peut pas) me faire un coup pareil.
Saoûlé par mon charabia Convaincu par ma verve, il nous laisse entrer.
En nous expliquant qu'on va devoir attendre sur une table "intermédiaire" le temps qu'un groupe libère une vraie place.
On se retrouve coincés contre le mur, sur une espèce de demi table qui ressemble plutôt à un grand banc, avec deux chaises pour 4.
Pas grave, on est dans la place et on aura bientôt la banquette pour se poser.
Que je crois.
Ma gamine sur les genoux, on prend l'apéro et on commence à papoter.
Je chope un mojito qui me fait immédiatement décoller (cela dit vu mon état de fatigue avancé, rien que les glaçons auraient pu me faire cet effet).
J'ai chaud, je suis bien, j'ai ma petite famille, rien n'est grave je le sais.
Mais au bout d'une heure, toutours pas de banquette, toujours pas pu se poser.
Je commence à me digérer l'estomac, et à m'endormir d'ailleurs.
Ben oui mais le lieu est tellement cosy que personne ne veut se barrer, c'est ça la grosse difficulté !
Il est (je ne te mens pas) presque 23 h quand on accède enfin au Graal : une table putain, avec un siège pour chacun et une carte pour commander !!!
La journée touche à sa fin, le marabout peut aller se coucher : rien d'autre ne se produira dans les quelques minutes qui précèdent le lendemain de ce marathon-day.
Minuit arrive : je peux enfin souffler, sur un sorbet japonais, la bougie symbolisant mes 42 printemps.
Et quand tu souffles, bien sûr tu émets un souhait.
Le mien était tout simple.
Surtout, surtout, ne rien changer ;) !


mardi 23 février 2016

Celle qui avait 42 ans maintenant.





Voilà.
C'est fait.
La date est passée.
Le temps a basculé.
J'entre dans le temps d'après.
Le temps où je réalise encore plus intensément tout ce que ma mère n'a pas pu vivre, pas pu faire.
Et c'est étrange (ou peut être que c'est tout le contraire ?), mais pour la première fois depuis très très longtemps, je n'ai pas ressenti ce malaise, ce mal être, dans la semaine qui précède mon anniversaire.
Chaque année la boule s'invite d'abord dans ma gorge, ensuite dans mon ventre.
Chaque année elle gonfle, elle enfle, elle finit par tout envahir, tout enlaidir, tout salir.
Elle occupe l'espace, inconsciemment je lui en laisse la place.
Et elle lamine, elle sape, elle brise.
La confiance en soi, la confiance en l'autre.
Le travail acharné, année après année, pour avancer, pour être mieux, pour être bien.
Chaque fois elle gagne, pas pour toute la vie non, mais pour un temps tellement douloureux, tellement inconfortable qu'il paraît long comme une vie quand même.
Mais pas cette fois.
Est ce que c'est la symbolique ?
La force de cette année si spéciale ?
Je ne sais pas.
Mais j'ai senti, à 42 ans, pour la toute première fois, une force nouvelle en moi.
Ou peut être qu'elle a toujours été là mais que je ne l'avais jamais autant accueillie je crois.
Je suis solide, forte sur mes deux pieds.
Ce n'est pas moi, ce n'est plus moi celle qui boîte.
Je suis debout, une femme debout comme le dit la belle M. lorsqu'elle m'écrit et touche mon coeur.
Je suis debout et je regarde.
Je ne regarde plus le bout de mes pieds, le bout de mon nez.
Je regarde l'horizon.
Et j'aime ce que j'y vois.
La richesse de cette vie que je tiens dans mes mains, que j'accueille à plein bras.
Un nouveau métier, inventé, pour me réinventer.
Une famille aimante.
Deux enfants heureux.
Un homme solide, présent, tellement présent, et depuis si longtemps.
Des amitiés sincères, approfondies au fil des drames, au fil du temps.
Deux soeurs de coeur, et des amies merveilleuses rencontrées par la toile dont je n'attendais rien, rencontrées par ce blog qui m'a donné sans frein.
Des âmes soeurs dévoilées peu à peu et reçues comme un cadeau, si merveilleux, si surprenant aussi.
Et la chance de ne pas, jamais, me préoccuper de ma santé, car je vais bien.
Je crois que je mesure aujourd'hui pleinement ma chance.
Je suis une femme debout, et riche de tout cela.
De mon passé, avec lequel j'ai le sentiment d'avoir fait la paix, enfin.
De mon présent, qui me remplit, me nourrit, me porte.
De mon futur, qui, je le sens désormais, m'appartient.
C'est peut être un peu mièvre, c'est peut être ridicule.
Mais c'était important, après tout ce chemin, c'était essentiel pour moi de venir poser ici ces mots.
Mon coeur est plein d'amour, la lumière inonde mon chemin, mes pas sont plus sûrs et la route n'a jamais paru si belle.
Je me sens bien.
Enfin.


vendredi 5 février 2016

La force fragile ...



"Mais est ce que tu te sens plus forte alors aujourd'hui ?"
Cette question comme une boucle, comme un gimmic dans la bouche des autres et dans mon propre coeur / cerveau / for intérieur ...
Plus forte que quoi ?
Plus forte que qui ?
En fait je ne sais pas.
Je ne sens pas.
Je ne veux pas définir la fragilité comme un manque de force.
Ou comme l'opposé de la force.
La fragilité est aussi un cadeau.
Empoisonné parfois, mais un cadeau quand même.
Elle te révèle les faces cachées de ton âme.
Elle te permet de comprendre que les bas ne sont que des hauts un peu manqués.
Que la beauté de l'humain réside aussi dans ses failles.
Et ce sont elles qui laissent passer la lumière, comme un vitrail de tout ton être, comme une étrange cartographie.
"Lorsque je te regarde, je les vois tes failles, je ne vois même qu'elles pour tout te dire".
Un amie m'a dit ça un jour.
Avec beaucoup d'amour, beaucoup de bienveillance.
Ca m'a fait mal.
Ca m'a fait du bien aussi.
Après tout, ces failles, ces blessures, ces cicatrices, c'est moi.
Ce sont les parties de moi auxquelles tu peux accéder aujourd'hui.
C'est bien sûr moins lisse, moins confortable peut être pour ceux qui les lisent.
Mais c'est moi en entier.
C'est moi sans te mentir.
C'est moi sans me mentir.
Qui est fort au fond ?
Tu connais l'histoire du chêne et du roseau j'imagine ?
"Les vents me sont moins qu'à vous redoutables. Je plie mais ne romps pas" dit le roseau au chêne qui se sent supérieur et se rie donc de lui.
Alors non, bien sûr, je ne peux pas dire que je suis forte comme le chêne.
Ni hier, ni aujourd'hui, ni demain sans doute.
Mais je suis heureuse d'être enfin consciente.
Consciente de ma chance au fond.
Etre une toute petite branche, très fine, être une brindille un peu perdue dans le décor, et qui ne peut accueillir que les choses les plus légères, les plus fragiles.
Peut être les plus belles alors ?
Au fond je suis une fille vernie.
Je le comprends enfin.
Je le ressens aussi.
Ce qui a changé ce n'est sans doute pas ce que j'ai.
Ce qui a changé ce n'est peut être pas qui je suis.
Ce qui a changé se joue entre moi et mon regard sur ma vie.
Le regard que je porte sur moi.
Sur ce que je fais, sur ce que je suis.
La bienveillance, enfin accueillie.
L'envie de m'aimer et de m'accepter avec mon étiquette de fille "fragile".
Je ne me vois pas, je ne me vois plus comme une fille fragile.
Et lorsque change l'intérieur, l'univers tout entier se modifie.
La tectonique des plaques, encore et toujours.
Je peux porter les autres.
Leurs chagrins, leurs deuils, leurs pensée ou actes les plus terribles.
Leurs descentes aux enfers, leurs ombres les plus horribles.
Je peux voir et entendre, je peux être l'amie qui soutient sans juger.
Pour les autres.
Mais ce qui a changé, ce qui me fait me sentir mieux aujourd'hui, c'est d'apprendre chaque jour à être ma propre amie.
A m'accompagner dans mes moments de doute comme dans ceux d'euphorie.
A me consoler lorsque j'ai mal à l'âme.
A prendre soin de moi.
Moralement, physiquement.
A devenir un peu ma mère, un peu mon père, un peu mon frère ou ma soeur.
Un peu tous ceux que j'ai pas, que je n'ai plus.
Un peu tout ce que je n'ai pas, que je n'ai plus.
Tout ce qui me manque, je veux apprendre, apprendre, encore et encore, à me le donner.
Pour que peut être, enfin, un jour, on ne me demande plus si je me sens forte ou fragile.
Ce jour pas si lointain où, juste en me regardant dans les yeux, on ne se posera plus la question, car on me sentira comblée et fière de ce que je suis.