mardi 19 mai 2015

Mais tu sais quoi ? On s'en relèvera !



C'était il y a environ deux ans maintenant.
Après presque 7 ans de bons et loyaux services comme on dit.
Après surtout des mois (voire des années) de supplice en vérité.
Travailler n'a jamais été le problème en fait.
Travailler dur même, quand il le fallait.
Non, le problème, c'était ELLE.
Celle pour qui je devais travailler.
Celle pour qui j'étais plus un cible qu'un bouclier pourtant.
Elle, je crois qu'elle m'a à peu près tout fait.
Il y a eu les phrases cyniques.
Sur mes tenues, sur mon travail, sur ma famille, et même sur mes enfants.
Il y a eu des remarques vraiment blessantes ensuite, quand le cynisme ne lui suffisait plus.
Il y a eu les humiliations.
Il y a eu les cris plus tard.
Les recadrements musclés.
Dans son bureau, ou parfois dans le mien.
Devant mon équipe au besoin (SON besoin).
Il y a eu les mises à l'écart.
Les refus de confiance.
Les remises en question systématiques.
De mes capacités, de mes idées, de mes décisions.
De ma personnalité ensuite.
De ma façon d'être toute entière.
Au final, mais je ne l'ai compris que trop tard, il y a eu une remise en question de mon existence même.
Je la dérangeais.
Je ne sais pas pourquoi, et je ne le saurai probablement jamais.
Mais je la dérangeais, ça c'était certain.
J'essayais de comprendre, j'essayais de la satisfaire, de la rassurer.
Les mois passant, je m'étiolais.
J'ai pris sur moi, pris sur moi, pris sur moi.
J'ai utilisé ma capacité à encaisser, ma capacité à m'adapter, ma capacité à surmonter.
Mais je n'étais pas équipée.
La sensibilité ne connaît pas d'armure.
Je n'avais pas les bonnes armes pour me défendre, pas les bons outils pour lutter.
J'ai commencé à mal dormir.
J'ai commencé à être tendue, mal, stressée.
J'ai commencé à bosser plus.
Le jour, la soir, la nuit.
Pour tenter de lui montrer mes capacités.
Et puis, petit à petit, j'ai perdu la faculté de me concentrer.
J'étais là mais j'étais ailleurs.
J'étais perdue, j'étais nouée.
Aller au bureau commençait à m'angoisser.
Heureusement, il y avait ce contrat que j'avais négocié.
Trois jours de télétravail.
Une bénédiction pour moi, vu la femme pour qui je travaillais.
C'est ce qui m'a perdue, c'est aussi ce qui m'a sauvée.
Je n'aurais jamais tenu 7 ans en étant réellement à ses côtés.
Et puis il y a eu ce gros craquage un mois de juin où je m'étais écroulée.
Quinze jours entiers à pleurer.
Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait.
Pas encore.
Une grosse fatigue tout au plus.
C'est ce que j'ai décidé, parce que le déni me tenait.
Je me suis retapée.
Et j'y suis retournée.
Six mois plus tard, le vernis a de nouveau craqué.
Les menaces commençaient à se faire plus précises.
Le licenciement était à demi mot évoqué.
La pression se resserrait.
Alors il y a eu ces semaines entières où j'ai décidé de tout tenter.
Tout pour faire entendre le climat qui régnait.
Tout pour faire comprendre que petit à petit elle allait nous étouffer.
Les DG, DRH, les DP, tous les sigles de la boîte y sont passés.
A toutes les portes, à tous les coeurs, partout j'ai tenté de frapper.
On ne m'a pas entendue, même si on m'a vaguement écoutée.
On a parfois même pris le parti de m'aider.
Ou du moins on a voulu tenter.
Et puis elle est passée par là.
A chaque fois.
Et évidemment, à chaque fois, elle a gagné.
On ne se bat pas contre la numéro deux de la boîte en espérant l'emporter, sauf si on est fou ou arriéré.
J'étais peut être un peu les deux ...
J'y ai cru un temps.
"Pour de vrai" comme disent les enfants.
Et puis j'ai vu tout le monde petit à petit me lâcher.
J'ai vu les derniers remparts s'effondrer.
A ce moment là, les recommandés ont commencé à affluer.
Les menaces de licenciement n'étaient plus si feutrées.
Je tentais de me défendre.
En bonne juriste, je rétorquais, je contrais, je tenais.
Avec les conseils précieux de quelques amis avisés.
Je luttais tant bien que mal.
Mais plus mal que bien il est vrai.
J'avais maigri.
J'avais le teint cireux, les cernes creusées.
L'étincelle dans mes yeux s'était peu à peu étouffée.
Jusqu'à cette fameuse semaine de janvier.
Où trois jours de suite, je suis rentrée du bureau en larmes.
Où trois jours de suite, j'ai lutté pour sortir de mon lit et y retourner.
Je voulais encore me battre, je voulais encore essayer.
Je croyais encore naïvement que je pourrais les convaincre qu'ils se trompaient.
Que j'étais un bon élément, une fille sérieuse, avec de bonnes idées.
Foutaises.
De tout cela, rien pour eux n'importait.
Ils voulaient juste ma tête.
Ma tête sur un plateau pour qu'Elle soit enfin comblée.
A la fin du troisième jour, mon homme s'est interposé.
Il m'a interdit d'y retourner.
Il m'a obligée à consulter.
Le médecin que j'ai vu m'a parlé de dépression, de médicaments, de me faire aider.
Me faire aider ?
Pour un simple problème de boulot ?
Je n'arrivais pas à l'admettre ni à l'encaisser.
J'ai refusé les médicaments.
Ou plutôt j'ai dit OK mais je ne les ai jamais avalés.
A bout de forces, j'ai obtempéré quand ma presque soeur m'a obligée à appeler un avocat qu'elle connaissait.
J'ai pris un rendez vous.
Mais je l'ai annulé.
Je n'arrivais plus à réfléchir, j'étais tellement perdue, tellement engluée ...
Heureusement, j'ai repris date avec cet homme, qui m'a littéralement sauvée.
En moins de trois mois, comme il me l'avait annoncé, il m'a sorti des griffes de cette entreprise, et de cette supérieure hiérarchique névrosée, de cette perverse narcissique désaxée.
J'avais préparé mon dossier, j'avais obtenu quelques preuves, quelques faits.
Mais ce qui m'a sauvée au fond je crois, c'est que tout le monde savait.
Et que si le DG ne voulait pas l'affronter, il ne supportait pas beaucoup mieux de me voir dépérir sous son nez.
La DRH m'avait de son côté bien expliqué. Cette femme avait une excuse, il me fallait l'accepter : "et oui, vous comprenez, dans sa vie, personne ne lui avait jamais rien refusé ! Personne ne lui avait appris la politesse, ou le respect. Alors de quel droit aujourd'hui je venais les lui demander ? Elle avait eu une enfance difficile, une enfance vraiment dure vous comprenez ? Mais oui, en fait, c'est difficile d'être trop gâtée !"
Ce jour là, par un miracle que je ne m'explique toujours pas, je n'ai pas répondu sur ce sujet.
Je n'ai pas joué la carte de "Viens je te raconte mon enfance aussi on va voir, au jeu du moins chanceux, qui va gagner" !
J'ai quelques cartes en mains, si tu me lis, tu le sais.
Mais j'ai tenu bon.
Ma bouche est restée fermée.
Lorsque l'avocat a entendu tout cela, il s'est décomposé.
Le mépris, les menaces, les brimades, il était habitué.
Mais la DRH qui te demande de te laisser maltraiter parce que ça soulage un tyran assumé, ça je crois que ça l'a quand même ébranlé.
Il m'a tirée de là, il m'a totalement drivée, il a pris les commandes et j'ai pu enfin me reposer sur quelqu'un qui gérait pour moi tout ce merdier.
Quelques semaines plus tard, c'était fini.
J'étais licenciée.
Rupture conventionnelle il est vrai.
Et le médecin, inquiet, m'avait suggéré d'aller consulter.
Pour faire mon deuil.
Pour me remettre.
Pour y retourner.
Pas dans cette boîte, non.
Mais dans une autre.
J'ai passé des heures à y penser, à y repenser.
Et j'ai refusé.
J'ai décidé de m'écouter.
De m'autoriser.
De me donner la liberté qui m'avait si souvent manqué.
J'étais une bonne juriste mais une juriste qui étouffait.
Dans un costume dans lequel je me sentais déguisée.
Mais pourquoi avoir choisi cette voie alors ?
Tu as raison de le demander.
Pourquoi la fac de droit ?
Parce que quand j'avais 17 ans, ma mère était déjà totalement paralysée.
Elle ne parlait plus, ne mangeait plus, une sonde nasogastrique l'alimentait.
Je changeais ses couches.
Je la soignais.
Je veillais sur elle comme sur un nouveau né.
Mêmes problématiques ironiquement quand j'y pensais.
Alors partir ?
Suivre mon chemin ?
Réaliser mes rêves ?
Et quoi, la laisser ???
Je ne pouvais même pas l'envisager.
Alors j'ai pris un parti : celui de rater mon bac.
Je n'ai rien appris, rien révisé.
Mais je l'ai eu quand même.
J'avais raté mon bac raté ...
Il ne me restait plus qu'une solution pour ne pas trop m'éloigner.
La fac de droit dans la ville d'à côté.
Les dés étaient jetés.
J'ai rempli le formulaire d'inscription après avoir eu mon bac début juillet.
Et ma mère est morte le 22 septembre de cette même année.
Juste avant la rentrée.
Je n'ai pas trouvé la moindre force en moi pour remettre en question les choix (même mauvais) que j'avais faits.
Et je suis devenue juriste.
Et j'ai même aimé apprendre le droit, puis l'enseigner.
J'ai aimé cette rhétorique, cette réflexion, cet esprit très "carré".
Jusqu'à ce licenciement.
Jusqu'à ce point de non retour en fait.
A ce moment là, assise sur mon canapé à me demander quoi faire de ma vie, j'ai enfin décidé.
J'ai décidé de décider.
Ca paraît facile, ça ne l'est pas tant que cela en fait.
Mais j'ai décidé d'entamer un nouveau chapitre de ma vie.
D'être dans la joie, dans l'envie, dans la créativité.
D'ouvrir les portes, les barrières, les volets.
De faire des photos, d'écrire, de chanter.
Et de coudre aussi.
Et de me former.
Ca fait deux ans maintenant que je mûris ce tout petit mais si joli projet.
Alors ce n'est pas sans une certaine émotion qu'aujourd'hui j'ai ouvert une petite page sur un réseau bien connu, et qu'enfin, enfin, je me suis lancée ...
Et ce n'est pas anodin si ce soir, j'ai eu envie de te le raconter ...

Crédit photo : Bob

samedi 16 mai 2015

Spring spirit !



Ca commence doucement.
Très doucement.
Au début, on peine d'ailleurs à percevoir le changement.
Car il est subtil c'est vrai.
Mais profond.
Et intense.
Il est là.
Il lui faut du temps pour s'imposer.
De la chaleur aussi.
De la lumière surtout.
Et un peu de force de vie.
L'écorce rêche et qui semblait abandonnée par tout espoir recommence à respirer.
La sève affleure, remonte, s'agite.
La vie renaît, s'impose, triomphe.
Et un à un, les tendres bourgeons apparaissent.
Ils sont le fruit d'une mécanique si bien rodée ...
Je les vois pousser et verdir chaque année.
Et c'est toujours la même émotion renouvelée.
Ils m'inspirent.
Une longue inspiration.
Une vraie respiration.
Ils portent en eux toute la beauté et l'espoir du monde.
Le printemps est la saison du changement.
Et cette année le symbole me convient je crois parfaitement.


Crédit photo : Bob

mardi 5 mai 2015

Tout est là, maintenant !



Oui, tout est là, maintenant !
Tu le vois ?
Tu le sens ?
Cours, vole, ne perds plus de temps ...
Ce que tu tiens dans tes mains est le plus beau des présents.
Le plus beau Présent tout court.
Il faut connecter ton coeur et ton âme à cette énergie.
Il faut te positionner dans cet instant.
Là, tout de suite, maintenant.
Pleurer un soir de blues et de manque, oui.
Mais sur une épaule aimante.
Parce que quoi ?
Tu le sais ou pas ?
Mais en fait c'est aussi ça, le bonheur !
C'est pouvoir partager ses moments de malheur.
C'est recevoir le cadeau d'une écoute, d'un soutien, d'un mot.
Réel ou virtuel.
Des liens qui se tissent.
D'autres qui se tassent.
Du lien en tous cas, tout autour du lien.
M'enraciner oui, mais dans le présent.
Le passé à posé des bases, mais tout le reste est dans mes mains.
Des temps forts.
Des efforts.
Le partage.
D'une tasse de thé ou d'un verre de vin.
Life is short.
Too short.
Le compte à rebours a commencé.
Depuis le tout premier jour en fait.
Alors il n'y a qu'une seule et unique chose à faire.
Je vais m'y employer, je me le promets.
De chaque minute, de chaque instant ...
PROFITER !!

Crédit photo : Bob. Une pensée particulière pour S. et S.